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Noeud Nord conjoint à Chiron en Bélier

Dernière mise à jour : 8 avr.




Samedi 24 février 2024

En ce jour de Pleine Lune, comment dire ce Noeud Nord conjoint à Chiron en Bélier, encore actif durant presque un mois ?


Arrêtons de nous lamenter sur nos répétitions catastrophiques, nos redites toxiques, nos auto-sabotages inconscients. Regardons-les plutôt comme des portes donnant accès à cette part clivée dans notre psyché : une part créatrice qui avait besoin d'être protégée pour ne pas disparaître totalement et qui désormais peut s'exprimer positivement si nous la conscientisons.

Accueillir nos failles ravagées, nos tragédies à répétition et nos lapsus malaisants, comme les "post-it" d'une énergie de Vie clivée qui tentait de se rappeler à notre bon souvenir, tant bien que mal (et ça faisait mal…) en attendant le jour où nous serions enfin prêt/e à l'incarner.

Arrêtons avec l’auto-critique et au contraire, remercions-nous pour nos chevilles foulées, nos pas maladroits, nos choix erronés à la croisée des chemins, nos toxicités même !

Porter nos « cabosses" tels des étendards, devenir fier/e de nos échecs, afficher notre vulnérabilité comme une force.

Pour enfin dire « Je ».

L'énergie du Bélier.


Peut-être l’austère Saturne nous plombe-t-il en ce samedi qui le célèbre, rejoint par Mercure et le Soleil dans l’humide des Poissons. La Lune Vierge, en face, nous demande de « prendre soin ». Prendre soin des détails. Observer et trier ces « petits riens » qui font de nos défaites de magnifiques trouvailles.

Nous re-trouver entier/entière, confirmant les noces de Vénus et Mars célébrées par Pluton il y a quelques jours en Verseau, encore actives : mariage alchimique du Yin et du Yang personnels. Radical, novateur, régénérateur.

On parle de l’axe Vierge/Poissons comme d’un axe de Service. On y entend couramment : « rendre service aux autres ». Parfois « prendre soin de moi pour mieux être utile à l’autre ». Quelquefois on évoque un axe mystique, voire christique : de la « mater dolorosa » au Sauveur magnifique… Tout cela est juste.

En résumé, il est question de « plus grand que moi ».

Ici sous la coupe de Pluton, ce « plus grand » nous intime l'ordre d’examiner non seulement nos Paradis (artificiels, mystiques, cosmiques ou très concrets) mais aussi nos Enfers, personnels et collectifs.

Saturne qui va et vient en Poissons depuis une année n’a pas fini de nous rappeler que ce cheminement demande du Temps.


Car il s’agit de prendre responsabilité, sans pour autant "battre sa coulpe ». Sans se faire violence ni se victimiser.

Sans projeter notre ombre sur autrui non plus, par des critiques de Vierge sombre : « langue de vipère », jugeante et exigeante.

Car les Lunes Noires, proches de la Lune en Vierge, ravivent la souffrance du manque existentiel, ce besoin de pureté absolue contenu dans ces "petits riens" qui ont tant besoin de soins, et Junon conjointe perle de ce qu'on peut appeler le "contrat d'âme" signé avec nous-même - avec la part éternelle de nous-même.

Un travail de conscience est possible en ce moment. Une chance à saisir. Mais avec Chiron, cela demande un effort car le lieu de la blessure est sensible, forcément. Le chaman guérisseur en nous, suture les cicatrices dénombrées par la Lune reflétant la compassion solaire. Il en fait un totem de puissance créatrice pour notre chemin de Vie.

Un Feu qui dit « Je suis ce que je suis en train d’être ».

Dans l’instant présent.


Catherine PÉGUET


Note à propos de Chiron.

Chiron est un charmant petit astéroïde qui depuis sa récente découverte (1977) fascine nombre d'astrologues. Je te/vous renvoie au mythe de Chiron, le centaure immortel capable de guérir n'importe quoi, malencontreusement blessé par l'obstinė Hercule : une histoire de beuverie assez confuse quant aux responsabilités des uns et des autres protagonistes. Blessé par une flèche empoisonnée, Chiron fut paradoxalement incapable de se guérir lui-même et dut sacrifier son immortalité pour ne plus souffrir... En astrologie, il interroge sur la blessure existentielle qui caractérise chacun de nous (d'une nature spécifique au thème natal et dans un secteur d'expérimentation déterminé par la maison où il se trouve). Sa fonction et sa finalité au plan métaphysique ne finissent pas d'interroger...

Je me permets de te/vous renvoyer au livre de Jacqueline Kelen : "Divine blessure", mon livre de chevet depuis quelque temps. Plus généralement, je recommande (sans modération !) l'ouvrage de Luc Bigé sur les Travaux d'Hercule qui décrypte la symbolique des centaures et de la flèche empoisonnée. Ce ne sont pas des livres d'astrologie. Le premier cherche à donner du sens à la blessure existentielle qui torture chacun d'entre nous. Et celui de Bigé interroge symboliquement le mythe du héros en tant que parcours psychologique et initiatique.


Je te/vous partage un extrait de « Divine Blessure" de Jacqueline Kelen :

« De la connaissance de soi qui affranchit des entraves temporelles et individuelles, on est tombé dans l’amour de soi qui est enfermement, indifférence à l’autre ou utilisation d’autrui.

Toutes les flatteries d’amour-propre invitent à rester à la maison, plus exactement dans la prison. Or, comme Platon l’a admirablement décrit dans le mythe de la Caverne, au septième livre de sa République, la plupart des mortels préfèrent rester entravés et captifs mais à l’abri, plutôt que de s’arracher aux reflets, aux illusions du monde, afin de contempler la source de Lumière.

Voilà pourquoi ils restent des mortels.

L’éveil est un arrachement, une coupure irréversible.

Le prisonnier de l’apologue platonicien qui, seul, s’est retourné vers le Réel en refusant l’emprise de l’habitude et de l’ignorance, et qui s’est détaché du groupe des captifs, sera à jamais marqué par une déchirure qui est sa noblesse et sa singularité, qui signe aussi l’accès à l’Être.

Ce retournement et cet éveil de conscience le séparent du commun des mortels, de la mortifère inconscience commune. Aussi est-il traité de fou ou de malade par ceux qui le croyaient des leurs. Non, il n’est plus leur semblable, leur congénère, il ne fait plus partie de ces gens qui se croient heureux, qui s’estiment tranquilles, il est un homme libre allant vers la Source, un esseulé allant vers le Solitaire. Il est marqué à vie car vive est la blessure de l’éveil »

(…) « Celui qui s’est évadé de la prison et qui s’est coupé de la chaude communauté des mortels n’est pas à la fin de ses épreuves puisque, au contraire, la quête commence. L’homme blessé, en marche, se voit exposé à toutes les rencontres, à d’autres déchirures. Il se retrouve libre et seul, immensément fragile, à l’abri de rien parce qu’en quête de tout. Avançant sur le chemin, il aimera de plus en plus sa vulnérabilité qui n’est pas faiblesse, sa sensibilité qui est chant du cœur. C’est une fragilité qui n’a pas besoin d’être protégée, c’est une blessure qui ne réclame nulle guérison. Cette fragilité est la musique de l’être, sa nudité essentielle et indestructible.

La blessure sauve l’homme de toutes les tentatives d’asservissement que représente le besoin compulsif d’être indemne et protégé de tout, elle le sauve de tous les remèdes qui veulent euphoriser ou tranquilliser son existence et d’abord sa pensée. Elle rappelle la précieuse précarité de l’être humain, la fragilité cristalline de l’âme immortelle qui requiert tous nos soins. Et la brisure du vase n’ensevelira jamais la pureté du chant qui en jaillit. »


Catherine Péguet


(Crédit photos : C. Péguet)


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