Guillaume Le Gentil et la musique des sphères
- assotessama
- il y a 4 jours
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En ce jour où Mercure est cazimi (conjoint au Soleil), j'ai envie de vous partager la bio, découverte hier par hasard, d'un astronome malchanceux du 18e siècle. J'éprouve une énorme tendresse pour des destins comme le sien, qui relèvent de la poésie pure... jusque dans la guigne.
Le rêve insensé d'un homme qui affronta les plus grands dangers afin d'observer le rendez-vous de la planète Vénus avec le Soleil à l'autre bout du monde.
Ce récit m'a incitée à jeter un oeil à son ciel natal. De l'astronomie à l'astrologie il n'y a qu'un pas, n'est-ce pas ! J'étais forcément curieuse d'observer sa Vénus à lui.
Mais d'abord, un copié-collé de son aventure...

(Source : L'esprit-sorcier TV)
"Le 12 septembre 1725 naissait Guillaume Le Gentil, l'un des astronomes les plus malchanceux de l'histoire.
En mars 1760, il part pour Pondichéry, à l'époque colonie française en Inde, d'où il espère observer le transit de Vénus devant le Soleil, le 6 juin 1761. Après de multiples allers-retours et détours, le transit a lieu alors qu'il se trouve en pleine mer... sous un ciel parfaitement dégagé mais dans des conditions de stabilité qui ne permettent pas d'observer correctement le phénomène. Premier loupé.
Qu'à cela ne tienne : le prochain passage de Vénus devant le Soleil doit avoir lieu 8 ans plus tard, le 3 juin 1769. Il décide de rester sur place, histoire d'être sûr... Sauf que le jour J, après des semaines de parfait beau temps, le ciel se couvre, empêchant une nouvelle fois l'astronome d'observer Vénus et le Soleil. Le beau temps revient quelques minutes après la fin du phénomène, pour durer encore de nombreux jours... Deuxième loupé.
Le transit suivant ayant lieu plus d'un siècle plus tard, Guillaume Le Gentil se décide enfin à rentrer chez lui. Après un voyage retardé par les avaries et les maladies (il attrape la dysenterie), il arrive à Paris en 1771, plus de 11 ans après son départ... pour constater qu'il a été déclaré mort, que sa femme s'est remariée, que ses biens sont sur le point d'être vendus et qu'il a perdu sa place à l'Académie des Sciences.
Après une bataille juridique et l'intervention du roi, il parvient à récupérer son travail et une partie de ses biens, avant de se remarier. Il vivra paisiblement pendant une vingtaine d'années, avant de s'éteindre le 22 octobre 1792, à l'âge de 67 ans.
Morale de l'histoire : Guillaume Le Gentil aura consacré une bonne partie de sa vie à la science, pour à peu près... rien. Comme bon nombre de scientifiques anonymes, mais tout aussi méritants que les Einstein, Newton et consorts. Alors merci à lui, et merci à toutes celles et ceux qui dédient leur vie à la recherche, même sans rien trouver !"

Et maintenant, le ciel natal de Guillaume le Gentil.
Forcément je commence par chercher sa Vénus...
Vénus se trouve en Balance : besoin d'équité relationnelle et de justice/justesse. Le goût du Beau et de l'harmonie. Sens de la diplomatie mais tendance à "s'écraser" pour ne pas rompre l'équilibre de la relation.
Elle est apex d'un magnifique T-carré avec Mars et Saturne rétro : on peut imaginer que ses amours ne furent pas de tout repos, pauvre de lui ! Et il devra faire valoir ses droits pour rétablir légalement des limites largement dépassées (Saturne rétrograde Capricorne) et reconstruire son nid sur de nouvelles bases (Mars Cancer).
Un T-carré est toujours un défi à relever, créant une tension insupportable. (Le triangle rouge dans le ciel natal ci-dessus.)
Un Soleil Vierge pour un scientifique, rien d'étonnant. Méthodique et scrupuleux, Guillaume vérifie quinze fois avant d'affirmer un résultat : le doute est une vertu dans le domaine de la science - mais pas un atout dans la vie sociale, forcément.
En bon mercurien, il réalise avec brio son Priape en Gémeaux : reconnu pour ses qualités intellectuelles, son sérieux et sa rigueur.
Mais au fond de lui, il manque quelque chose. Un truc plus fort que lui, plus grand, plus noble, l'appelle...
L'amas de trois planètes en Balance - mu par Mercure maître du Soleil et coloré par le Pluton de l'époque - montre que la quête de Beauté est pour lui essentielle. Dans l'observation du cosmos, il cherche un équilibre et un apaisement.
D'autant que le Noeud Sud se trouve lui aussi en Balance - à l'extrême degré, son énergie est démultipliée. Voilà le fondement qui donne du sens au destin de Guillaume, bien davantage que la curiosité intellectuelle, selon moi. Notre astronome est tout bonnement séduit par l'harmonie céleste !
Il s'agit moins d'un besoin de découverte scientifique que d'une aspiration poétique : "l'amour de l'art", en quelque sorte. Il mettra son intelligence au service de l'observation de l'harmonie des astres (Mercure domine l'amas Balance).
Au passage, sa vie sera radicalement transformée (Pluton signe le dés-astre !).
Les huit années passées en Inde - et les relations (Balance) qu'il y a nouées dont nous ne savons rien - l'auront forcement influencé aussi. Même si je ne sais rien de l'Inde coloniale française au 18e siècle, j'imagine que les rencontres et l'énergie des lieux aura forcément modifié le point de vue d'un Jupiter rétrograde (nous verrons ça plus loin).
En face sur l'axe du Dragon, le Noeud Nord indique la direction de son chemin de vie : affirmer son côté marsien en transmutant radicalement les paradigmes qui sous-tendent son existence. (Le NN Bélier est apex d'un yod avec la Lune Scorpion et Pluton maître de cette Lune).
Comment transformer un personnage studieux et prudent comme lui, en guerrier conquérant et sûr de son bon droit ? Énorme défi qu'il relève avec courage - non sans angoisses - et qui va bouleverser son existence casanière.
Il est communément admis qu'un Soleil Vierge vit en dessous de ses moyens, tellement il est humble, réservé et peu sûr de lui - voire timide. Pour se mettre en route, il lui faut un moteur. C'est la fonction de la tension du T-carré avec Mars et Saturne - un défi que Guillaume est libre de relever ou pas.
Or il le fera, quoi qu'il en coûte. Il fallait que la tension soit insupportable, sans aucun doute.
À quoi carbure ce moteur ? D'un côté, Mars Cancer est par nature l'inverse d'un conquérant : il préfère se poster en défense de sa petite famille. Rien pour pousser Guillaume à quitter ses pénates et larguer les amarres.
Mais de l'autre, Saturne rétrograde (en domicile) laisse supposer que notre poète est en proie à une auto-exigence et une insatisfaction redoutables, alimentant les obsessions analytiques scrupuleuses de la Vierge (trigone Soleil). Il lui faut absolument aller observer le phénomène sur place pour oser imposer ses conclusions. En bon Saturne rétro, il place la barre très haut (trop ?).
Pour l'anecdote, sur le plan mondain, on peut supposer qu'il s'était choisi une Madame pas très... "gentille" ! (Vénus Balance = à l'extérieur, la femme aimée - au carré de Mars et Saturne donc.) Une vie conjugale tendue où il avait du mal à faire respecter ses limites et sa tranquillité, a pu également motiver un éloignement temporaire. Mais loin de moi l'idée de pointer du doigt lequel des deux protagonistes était un "emmerdeur-né" - pour rester polie - car notre poète "amoureux d'une étoile" n'était pas franchement facile à vivre, on l'aura compris...
Quelque chose de "plus grand que lui" l'appelle, donc. Au plan karmique, son ciel natal présente un beau carré Soleil Vierge/Lunes Noires Sagittaire. Sa quête d'absolu lui fait rêver d'ailleurs lointains et exotiques, alors que sa nature solaire le pousserait à un quotidien routinier et précautionneux. Cruel dilemme !
On comprend que l'observation des planètes avait bon dos : quel magnifique prétexte que d'aller faire des constats scientifiques à l'autre bout du monde ! Guillaume n'avait pas d'autre choix que dépasser ses propres limites en se laissant guider par l'appel des sphères célestes.
D'ailleurs, la planète collective Jupiter rétrograde en Poissons (= en gestation) nous rappelle que la croyance naissante de l'époque était la Science - avec un S majuscule - bientôt élevée au statut de religion laïque.
Au plan social, face à son Soleil inquiet et réservé, Jupiter rétrograde montre une difficulté à s'intégrer dans une société de convenances et de faux-semblants. C'est le fameux décalage que ressentent tous les "Jupiter rétro", avec cependant la certitude irrationnelle que la chance ne les abandonnera pas.
Son côté aventurier vient de là : il pressent qu'une autre façon d'envisager le monde est possible. On pourrait parler d'inconscience des dangers encourus, tant sa foi le pousse à sortir des sentiers battus avec la conviction qu'il fera progresser la connaissance de son temps.
Bah oui, notre Guillaume ne voyait pas de problème à s'oublier sur le vaste océan des Poissons et laisser filer le temps. Les philosophies orientales ne nous démontrent-elles pas que tout est partout et que rien de ce qu'on fait n'a réellement d'importance ?!... Sauf son obstination à étudier cette fichue Vénus, nom de Zeus !
(Mercure, maître du Soleil, est lui aussi carré à Saturne rétro : encore un défi qui l'oblige à quitter son "home sweet home" puis à ne pas lâcher l'affaire.)
Il va donc accomplir l'exploit de conjuguer les opposés : son Jupiter explorateur, habité par une foi et une force de conviction capables d'organiser un tel voyage, utilisant les qualités d'analyse et de rigueur scientifique du Soleil Vierge.
Guillaume prend donc la mer et à Dieu vat !
Et peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Peu importent les chimères. Peu importe l'échec apparent. La tension ingérable du T-carré le pousse à s'obstiner. Sa Lune Scorpion sextile à Pluton l'oblige à enquêter bien au-delà des apparences, quitte à continuer à creuser alors même qu'il a touché le fond !!
Uranus Scorpion (trigone à son Mars) ne lui épargne aucun évènement inattendu, perturbant notre Ulysse dans sa mission et son retour à Ithaque - pas pour rien si Uranus est surnommé "l'Éveilleur".
Néanmoins la démarche est profondément scientifique avec sa Lune en Scorpion. Il a besoin de constater le phénomène de ses propres yeux et l'insécurité ne lui fait pas peur. Cet homme fait preuve d'un courage et une capacité de résilience absolument hors du commun.
Au plan de la vie intérieure, il y a une ambition de pureté - voire de purification - dans cette croisade aux relents médiévaux qui l'entraîne vers des terras incognitas au nom d'un dieu qui ne dit pas son nom. (Vierge, Scorpion, Poissons)
Pour finir, notre "gentil Guillaume" (Vénus Balance se montre parfois trop gentille) a dû sacrément travailler l'opposition Mars Cancer/Saturne rétro Capricorne, pour rétablir Justice et harmonie dans son petit chez-lui : c'était pas gagné, comme on dit.
Le Yod plutonnien pointant son Noeud Nord lui a donné la force d'affronter toutes les morts symboliques : celles où l'ego se consume. Le retour de notre Ulysse l'a rendu plus nu qu'au jour de sa naissance. Apparemment vaincu. Trahi par sa Pénélope, même.
Ayant tout perdu : orgueil de "sachant" (Vierge), statut institutionnel (Jupiter), épouse et fortune (Vénus), il a pu reconstruire sur de nouvelles bases. Enfin.
Mais non sans combattre...
Car la guérison de sa blessure existentielle passe par la défense du "pré carré" (Mars Cancer). Il solutionne le T-carré en face du point apex : en Bélier. (Noeud Nord et Chiron Bélier, maîtrisés par Mars opposé Saturne Capricorne.)
Lui qui n'a rien d'un guerrier se révèle justicier par la force des choses, affirmant enfin publiquement ses droits et défendant ses biens.
Et comme dans les contes de fées, l'histoire nous raconte qu'il s'est finalement trouvé une "gentille" Vénus.
Si ce n'est pas de la poésie pure, une vie pareille !!!
Ah, j'oubliais : notre Gentil est né sous les auspices collectives d'un Neptune rétro en Gémeaux qui peut parler des illusions qu'on se fait à propos du savoir, mais aussi de l'inspiration apollinienne ("la musique des sphères") qui incite Guillaume à aller chercher ce savoir au-delà des océans, quitte à oublier la raison qui l'a poussé à partir et se noyer dans l'instant. (Neptune est maître de son Jupiter qui par définition voit grand.)
Neptune en harmonie avec Pluton ("le Grand Alchimiste" au début Balance, signe du Beau) corrobore une quête poétique qui ne craint pas le risque extrême, à une époque où l'art et la science sont encore quelque peu imbriqués - on n'a pas encore allumé les "Lumières"...
Au final - et c'est la teneur symbolique des planètes rétrogrades -, c'est toujours soi-même que l'on rencontre au bout du voyage.
Guillaume a-t-il accompli la mission de son ciel natal ?
Certes pour la science, sa vie fut vaine, comme le souligne l'article ci-dessus. Mais d'un point de vue spirituel, je suis convaincue qu'il a accompli le destin que les astres lui proposaient. (Tu connais le fameux adage : "le ciel propose, l'homme dispose"...)
Alors oui, un immense merci et toute ma tendresse à ce magnifique explorateur de l'inconnu qui a su "tailler sa pierre".
Catherine
PS : Le son de ce post amoureux d'une étoile, "première à éclairer la nuit", sera forcément ça :
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