Avant d’arriver à la Pleine Lune du 22, je vous propose de prendre un temps pour passer en conscience le seuil de ce Solstice d’Été. Ce soir, à 23 h pour Paris.
Après un printemps maussade et l’agitation émotionnelle due au contexte politique national, qu'est-ce qui se trame ?

La « Porte des Hommes », comme on l’appelle - en opposition à la « Porte des Dieux » du solstice d’hiver - était célébrée autrefois par des rituels liés à l'élément Feu. Ce qui est paradoxal alors même que le Soleil entre dans un signe d’Eau : le Cancer.
Le Feu et l'Eau. Symboliquement, de quoi cela nous parle-t-il ?
Le Feu solaire, à son apothéose en ce jour le plus long de l'année, ne nécessite aucune explication.
Signe lunaire, le Cancer nous renvoie à la matrice, à nos origines, le cocon du passé. Comme pour signifier, malgré l’élan qui nous pousse vers l’extérieur (je veux dire, quand la météo est favorable : soirées barbecue, nuits à la belle étoile et orgie de moustiques !) qu'il est important de ne pas perdre de vue notre vie intérieure.
Degré Sabian du Soleil : "À bord d'un navire, les marins amènent les couleurs et hissent un nouveau drapeau."
Acte symbolique signifiant un point de non-retour. Le commentaire mentionne une décision à prendre pour assumer une réorientation et stabiliser nos énergies.
Ce soir, nous assistons aux retrouvailles du Soleil avec ses émissaires : Mercure et Vénus qui l’ont précédé en Cancer. Il y a comme une envie de lecture à l’ombre des arbres et de soirées intimes avec des amis d’enfance. Comme on aurait envie de prendre soin de nous, au calme, loin des bouleversements du monde (maison 6) ! Mais le temps est à l’orage, les inondations font des dégâts, le monde politique est en ébullition : nous sommes loin de l’allégresse d’une Fête de la Musique insouciante et légère.
Pluton qui a repris sa rétrogradation depuis quelques semaines, nous demande à nouveau de transformer en profondeur certains aspects de notre vie. C’est rude !
Piqûre de rappel sur la réforme nécessaire des institutions. Chacun à notre échelle participons à cette mutation.
Le quinconce que fait le Soleil avec l’archétype de la transmutation nous signale qu’il y a des ajustements à faire. Puisque l’aspect est croissant, il s’agirait de se mettre dans l’action. D’accord, mais laquelle ?!…
Sur notre navire, nous naviguons à vue, dans la confusion la plus totale. Le carré croissant que fait l’amas Cancer avec Neptune nous le confirme, créant une tension interne plus ou moins ingérable. La sensation d’absurdité est à son comble !
Car la planète de la « dissolution" (ce n’est pas une blague, hélas…) stagne sur le dernier degré des Poissons depuis un moment et, pour tout arranger, prépare sa rétrogradation. Elle passera dans le signe martien de l’action seulement l’an prochain. Il existe un risque de se laisser aller à la « victimite » : déprime ou à-quoi-bonnisme complaisant .
Ce carré d’Eau génère des relents de nostalgie illusoire, puérile et stérile, voire - pour sortir de la stagnation - un besoin d’agir prématuré ou une tentation de tout envoyer valdinguer de façon suicidaire (chacun reconnaitra ici le camp de ses ennemis politiques, forcément !). Le sextile Neptune/Pluton nous secoue, générant des pluies diluviennes et des torrents d'émotions tout aussi incontrôlables.
Neptune entretient la confusion et pourtant, c’est aussi la planète de l’inspiration, celle qui nous relie à la Source : le creuset des mystiques et des artistes. Nous sentons bien au fond de nous cet élan : une tension interne qui parle du désir d’aimer autrement et de penser de nouveaux projets. Mais en Cancer, la période est à la gestation. Patience. Le temps n’est pas venu de nous élancer, même si Mars en Taureau dialogue déjà avec Mercure pour préparer la suite très concrètement.
En Cancer, le Soleil nous rappelle que nous sommes une famille d’âmes : la famille humaine... avec tous les conflits, toxicités et incompréhensions d'une systémique familiale ! En sesqui-carré au MC Scorpion, Vénus souffre de constater le gaspillage de bonnes volontés qui s'efforcent de transformer notre monde face aux abus de pouvoir.
La Lune, maître du Cancer, se trouve en Sagittaire de 11 : seule planète en signe de Feu. Elle rêve d’une autre société, basée sur des rapports équitables et des échanges fraternels. Elle symbolise le peuple aussi, qui vient d’être appelé à faire un choix de société. Elle vise loin, elle vise haut, elle se projette dans le futur.
Mais elle se trouve en carré à Saturne : elle est empêchée. Bloquée. Frustrée.
On sait parfaitement ce qu’il faudrait construire comme modèle de « vivre ensemble » mais Saturne en Maison 2 nous fait douter de nos moyens et de nos ressources. En sommes-nous seulement capables ? L'auto-saboteur est à l'oeuvre en chacun de nous, en "sous-marin" - pour continuer à filer la métaphore maritime.
Car le maître d’Ascendant de ce solstice est Saturne, lui aussi en Poissons depuis un an, avançant lentement à la rencontre de son maître, Neptune.
Saturne en trigone au Milieu du Ciel nous questionne à propos de la vie publique, le devenir de notre société, et individuellement sur notre place dans le monde. Depuis l’intériorité des Poissons, avec tous ses idéaux humanistes.
Les institutions (Capricorne) se diluent dans un marécage brumeux (Poissons), ce n'est pas nouveau. Là on n’y voit goutte, on n’a pas de perspective, aucun horizon. Dans nos vies personnelles - selon les aspects à notre ciel de naissance, bien sûr -, c’est un peu pareil. On est en apnée. Aucune idée de quoi demain sera fait. Le temps saturnien est comme suspendu au résultat incertain d'une échéance électorale… Si ce n'est pas absurde comme situation, ça !!
Saturne et Neptune sont sources de peurs irrationnelles : certains s’accrochent à leurs acquis et se rigidifient sur leurs positions (Maison 2) même si celles-ci ne sont plus tenables. Régression mortifère : morbidité, haines primaires, refus de l'altérité.
Chacun pourra se questionner en conscience sur l’écho de cette situation extérieure en lui-même : n’y-t-il pas au fond de moi de telles révoltes égotiques et destructrices qui me feraient choisir l’auto-sabotage plutôt que l’inconnu d’un lendemain complètement nouveau ?
Les Lunes Noires sur le dernier degré de la Vierge, carré au Soleil, viennent chatouiller frilosités et inquiétudes inconscientes, mais aussi ranimer le désir d'être utile et de servir. La tension est forte. Ne parle-t-on pas de "mère-patrie" ? (Cancer)
Conjoint à Cérès, l'Ascendant de Terre nous rappelle surtout que nous - petites fourmis qui nous agitons à la surface de la planète comme si nous étions tellement importants à l’échelle du cosmos ! - sommes en train de perdre de vue l’essentiel : cette matrice qu’est justement notre planète.
Cérès, déesse de l'Agriculture et de la Providence de la Nature, nous place devant notre responsabilité individuelle : est-ce que vraiment nous réalisons à quel point le principe de conquête et de prédation de notre Terre-mère, par essence masculines (on parle ici du Masculin en chacun, qu’on soit homme ou femme) renvoie à l'image d'un foetus qui massacrerait, depuis l’intérieur, le ventre qui le porte et le nourrit ?...
Une immaturité qui n’est pas seulement symbolique : depuis le Covid, les transports aériens viennent de battre des records, dit-on.
Pluton nous brutalise pour nous rappeler l’urgence climatique, Neptune inonde nos potagers et nos maisons, Saturne nous plombe le moral en interrogeant nos ressources - physiques, économiques, psychologiques et intellectuelles. Tout cela pour nous questionner une bonne fois : que faisons-nous pour sauvegarder ce ventre de glaise, de vents tièdes ou glacés, de lumière douce ou aveuglante, de fleuves et de mers dont dépend notre survie ? En M1, Pluton nous secoue : "Mais regarde à qui tu as délégué le pouvoir de vie ou de mort sur ta personne !"
Idem pour l'écologie intérieure. Où en sommes-nous du vivre ensemble ? Où en sommes-nous, avant tout, de la reliance à nous-même ? À notre intériorité ? À notre éthique ? À notre coeur ? À notre verticalité d’être HUMAIN, dressé entre la Terre et le Ciel.
Voilà, selon moi, le sens principal du Soleil Cancer avec Ascendant Capricorne de ce solstice. Un alignement nécessaire.
Le trigone Saturne/MC pointe un double sextile vers l'Ascendant Capricorne : il est question de prendre responsabilité personnellement.
Le Feu et l'Eau se relient à l'élément Terre : consolider notre Terre intérieure pour qu'elle puisse se manifester à l'extérieur.
Au-delà de la crise institutionnelle (inévitable et salutaire, nous le savons), cette soirée particulière nous invite à arrêter de nous agiter en tous sens et à nous poser dans l’intime de nous-mêmes. Quoi faire ?
Face au besoin impératif de transformer la situation collective actuelle, Uranus Taureau en Maison 4 opposé au MC Scorpion incite à un mouvement vers nos racines : « Que tu le veuilles ou non, tu es invité/e à regarder d’où tu viens ! Rappelle-toi ce qu'ont vécu les anciens... »
Analogiquement reliée au Cancer, cette Maison 4 est un terrain à expérimenter ce soir. Comment enraciner une liberté neuve dans les leçons du passé ?
Le chaos momentané est-il salutaire pour changer radicalement la situation globale (Maison 10) ? Prenons de la hauteur pour observer le présent à l'aune du passé.
Jupiter Gémeaux se trouve aussi en Maison 4, accentuant l'opportunité de comprendre d’où nous venons. Comment relier notre expérience de vie individuelle au collectif ? Et quel enseignement tirons-nous de l’Histoire ?
Observons les grands mouvements sociaux, mais aussi les mouvements uniques de notre histoire familiale. L'axe Cancer-Capricorne nous invite à méditer sur notre personne en nous reliant aux lignées des ancêtres. À leurs parcours de vie. À leurs expériences, constructives ou néfastes. À ce qu’ils nous ont légué. Sans les juger. Et prendre responsabilité de nos origines.
Il ne s’agit pas de « penser » la situation, mais de la ressentir (signe d’Eau).
Nous aurons deux Pleines Lunes en Capricorne, les 22 juin et 21 juillet. Mais le travail sur cet axe commence dès ce soir, me semble-t-il. Méditer sur ce qu'ils ont traversé dans les siècles passés nous ramène à un principe de réalité (Terre).
Alors, au lieu de nous affoler sur les réseaux sociaux, au lieu de nous énerver à écouter les messages politiques et céder à une panique savamment entretenue par les médias, si nous prenions un temps de repli ? Si nous honorions ce ventre dont nous sommes issus ? Ce ventre où « demain » est en gestation.
Cette soirée est l’occasion d’un petit rituel en conscience. En entrant en Lion, Vesta nous invite dans notre sanctuaire intérieur pour y entretenir le Feu sacré de la Vie. Trigone à Neptune et opposée à Pluton, elle se met humblement à l'écoute de l'infini au fond de chacun de nous.
Nous pouvons simplement allumer une bougie. Peut-être disposer à côté une coupelle d'eau et une pierre...
Il n'y a pas besoin de "croire". Il est question de prendre une décision intérieure. De hisser symboliquement nos couleurs.
Appuyons-nous sur le « côté lumière » de Saturne pour nous transporter au-delà du temps, dans le ressourcement auprès de nos lignées, et y puiser la sagesse.
Appuyons-nous sur le « côté lumière » de Neptune pour visualiser, méditer et rêver des lendemains plus sereins et inspirants.
Appuyons-nous sur le « côté lumière » de Pluton pour transmuter ce qui nous plombe et pour nous régénérer : résilients et puissants.
Appuyons-nous sur le « côté lumière » de la Lune pour imaginer un monde plus fraternel où chacun trouverait subsistance et sécurité…
Et ramenons ce ressenti dans le cocon de notre coeur pour écouter comment ça résonne et combien ça vibre de joie !
Peu à peu, les nuits vont rallonger et nous ramener imperceptiblement vers l’intérieur de nos maisons et vers nos ombres.
Ce Soleil Cancer de Maison 6 est une formidable Porte de Guérison.
Pour peu que nous choisissions d’en passer le seuil « côté lumière ».
Catherine PÉGUET
20 juin 2024

Hildegarde de Bingen : Liber Divinorum Operum
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